mercredi 15 juin 2016

Bâtir ou re-bâtir

 Il n'y a qu'une petite différence dans ce mot, une préposition. A moins que ce ne soit une prédisposition, celle de regarder l'ancien. Et cela n'a rien d'anodin. S'attaquer à un tel chantier demande une énergie colossale à intelligence raisonnée. Il est bien plus facile de bâtir quelque part que de re-bâtir. D'ailleurs, je crois que chez les "gens du bâtiment", on ne dit pas re-bâtir mais plutôt restaurer.
Bien sûr, il doit y avoir des chantiers plus impressionnant que d'autres, des budgets qui s'y prêtent plus que d'autres et qui ont l'air de rendre tout ça plus facile, mais au fond rien n'est facile vraiment. La seule est unique chose, qui peut rendre cette épreuve de bâtisseurs plus légère et plus douce, c'est l'amour. Oui ! n'en déplaise à tout les bougons sans utopie aucune, l'Amour est la seule énergie qui vous fera traverser l'usure de l'épreuve du temps. Les vieilles pierres, c'est beau mais cela ne bouge pas si facilement. Il n'est pas donné à n'importe qui de savoir les habiter.


Je n'ai pas beaucoup d'argent, je n'en ai même pas du tout. Pourtant, je me donne le temps d'aimer. Quand il s'agit de travailler sur cette vieille maison, au delà de la compétence qui est la mienne et par moi même apprise, je laisse faire les professionnels amoureux de leur travail.

Je ne vais pas chercher ce qu'il pourrait être communément penser comme le moins cher, non je vais chercher les personnes vers lesquelles la maison me guide. Car voyez vous les vieilles maisons ont une chose que n'auront jamais les maisons neuves de nos promoteurs envahisseurs, elles vous parlent. Encore faut il, pour les entendre, savoir écouter et cela ne se fait pas, sans amour.

Au fur et à mesure du temps qui passe, des histoires qui se vivent ici, nous habitons cette maison. Habiter un lieu aussi ancien n'a rien d'anodin. Il est chargé d'autres vies, des histoires qui s'inscrivent dans l'histoire, et plus j'habite ici plus je rencontre la beauté de son passé.






Enfant, je rêvais de vivre en haut d'une colline et je me retrouve là, comme bercée dans le creux d'une main de géante et nous sommes bien. La tâche immense de ce chantier nous apparait pourtant accessible, et aucune difficulté ne trouve sa solution finalement. Comme les murs portent parfois, l'amour fait de même.



Ici, les chats ronronnent, les gens sont heureux, la maison abonde de tout ce dont nous avons besoin, nos besoins sont simples. Et si parfois nous faisons mine de ne pas voir où, elle, a besoin de nous, elle sait nous le dire pour que nous agissions rapidement.
Si nous avions eu peur de ne pas y arriver, elle nous montre par l'expérience qu'y arrivait n'était pas si difficile, il suffit de le faire.



Ecrire tout ça ici et comme archiver une mémoire de notre expérience. Un jour peut-être, quand je ne serais plus ici ou que je ne serais plus du tout quelqu'un trouvera mes mots. Les mots d'une jeune femme a qui la vie a fait un cadeau pour abriter, renouer, explorer les racines de sa vie.
 Et ma nécessité de l'écrire, revient finalement à vous, à cette envie de vous dire : Pourquoi, comment habiter vous l'endroit qui vous abrite ? Si vous ne l'aimez pas, ne le regardez pas justement, il en fera de même. Votre habitat est précieux, il est votre cocon, le refuge de votre intimité et votre intimité et un trésor donné par le temps. Ma démarche ici sera sûrement celle de toute ma vie, une démarche humaine, égo-centrée, une exploration des possibles de notre humanité.


Ici à La Marmory, dans cette grande et vieille maison des êtres ont bâti dans le respect de leur environnement.
Leur construction respire cet esprit, leur génie ne sortait pas des grandes écoles d'ingénieurs mais bien de leurs esprits observateurs et de la transmission simple par leurs ancêtres. Ils avaient sûrement une volonté et un courage dont on veut nous faire croire qu'il appartient à un temps qui n'existe plus. Et pendant que nous sommes si occupés à bâtir du neuf, du high-tech, l'environnement lui recrache nos déchets toxiques.
 Sans honte ni pensées aucune pour les êtres qui ont bâtis notre monde, la société consomme et nous consomme sans insouciance. Nous sommes des êtres consommés avec conscience, telle est ma grande tristesse.
Je ne vais pourtant pas ici m'étendre sur le sujet, car tout ce que je pense a déjà été écrit par d'autres qui le font très bien. Le sentiment d'être manipulé et un sentiment partagé par beaucoup d'entre nous.
Je ne dis pas que je n'y peux rien, ouvrir les yeux, c'est déjà faire quelque chose mais n'ayant pas de réponse à grande échelle, j'agis à la mienne.  Ma vie, dans sa consistance, aura été succédé de rencontres merveilleuses parce que la terre est remplie d'être merveilleux. Et ce sont sûrement toutes ces rencontres, ces moments que je reconnais comme bon qui ont forgé le regard que je pose sur la vie. La Marmory et la famille qui devient la mienne avons un projet, un beau projet : celui de réparer avec bienveillance et une énergie positive.

                                                       Rendre à ce lieu comme à nos vies, l'art de vivre.

 Par l'observation, l'ingéniosité, l'éthique et l'intégrité
 Par l'amour et la tendresse
 Par le don d'être et de devenir
 Par la beauté du coeur et de l'âme

Les actes que nous offrons ici et maintenant, les projets qui naissent et se réalisent, sont de nos mains respectueux de la vie.

Alors, je vous le demande humblement, respectez la nôtre. Vivre en bas, c'est comme être un premier rang d'un observatoire d'où ce que l'on regarde c'est vous. Et nous ne vous regardons pas par voyeurisme, non. Nous vous regardons parce que vos ordures nous tombent sur la tête. Vos routes, trottoirs goudronnés, gouttières cassées, canalisation défaillante, parking sans écoulement...nous noient à chaque fois que les pluies s'abattent du ciel. Et comme vous le savez comme moi, les pluies sont devenues violentes elles aussi.
 Peut-être est ce un phénomène naturel ? Peut-être pas.

Je m'arrête là pour cette fois, je ne sais pas pourquoi j'écris tout ça, probablement un besoin de communiquer, de me relier à vous, de croire que l'univers va m'entendre et comme il est l'unit vers, il me répondra sûrement. Un besoin d'espoir pour nourrir ma destinée.

Bien à vous,

Sandrine D.

3 commentaires:

Accueillir le changement

 Parfois nous traversons des périodes difficiles et doucement mais sûrement nous nous embourbons, la vie devient un fardeau, nous ne devenon...